Les Français veulent changer le système de santé
Avant le grand oral des candidats à la présidentielle sur le sujet de la santé, jeudi, l’inquiétude monte. Selon un sondage Ifop, huit personnes sur dix sont pour une augmentation des soignants.
Les blouses blanches vont tenter de se faufiler dans un trou de souris de l’actualité. Alors que la guerre en Ukraine hante nos écrans et nos jours, la Fédération hospitalière de France (FHF), porte-voix des hôpitaux et des maisons de retraite publics, s’associe à 55 organisations du secteur sanitaire et médico-social afin de mettre les questions de santé au cœur de la campagne. Toutes invitent les candidats à l’élection présidentielle à un grand oral sur ce thème qui se tiendra jeudi à Paris. À la fin de chaque prestation, la journaliste Élizabeth Martichoux les invitera à préciser sur LCI leurs programmes.
C’est la première fois qu’un tel happening rassemblant des acteurs des secteurs public et libéral, aux intérêts souvent divergents, a lieu. On pourrait y voir le prolongement de l’union sacrée née lors de la pandémie. Mais c’est plutôt le signe d’un sentiment d’urgence collectif, la conscience que l’édifice sanitaire bâti après 1945 n’est plus adapté à une population vieillissante.
Les déserts médicaux avancent
Jeudi, la FHF présentera les résultats d’un sondage commandé à l’institut Ifop. Cette vaste étude suggère que le mal-être exprimé par tant de soignants depuis plus d’une décennie a trouvé un écho. Ainsi, 76 % des Français interrogés estiment que le système de santé est « fragilisé » ou « en détresse ». Un constat partagé par 86 % des professionnels de santé, selon une seconde étude de l’Ifop menée auprès d’un échantillon de 601 d’entre eux. « Tous savent que si les hôpitaux ont tenu pendant le Covid, c’est grâce à l’héroïsme de leurs agents », note Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondage.
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Les Français ont en tête trois des principales faiblesses du paquebot sanitaire et social : la pénurie de soignants inquiète 91 % d’entre eux, tout comme la difficulté à accompagner les aînés en situation de dépendance (90 % des personnes interrogées) et la situation des hôpitaux publics (89 % des sondés). « Ces chiffres sont effarants », pointe Frédéric Dabi. « Le mur démographique, c’est vraiment le problème majeur, dit en écho Frédéric Valletoux, président de la FHF. C’est un cercle vicieux : la pression est telle que des gens lâchent, mais plus la pression est forte, plus des gens lâchent. »
L’inquiétude s’enracine dans la vie quotidienne. Dans un pays longtemps plombé par un numerus clausus guillotine, par une culture hostile à la régulation de l’installation des libéraux et à la délégation de tâches à d’autres professionnels de santé, les déserts médicaux avancent. C’est vrai dans les zones rurales, mais aussi dans le centre et la périphérie des grandes villes. Et cela explique sans doute pourquoi quatre Français sur dix ont déjà dû renoncer à une consultation médicale faute de trouver un professionnel de santé.
Ce constat « anxiogène et convergent », selon les mots du directeur de l’Ifop, n’est pas neuf. À l’automne 2017, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, ne disait pas autre chose dans un entretien au JDD . Au moment du lancement du plan Ma santé 2022, Emmanuel Macron dressait aussi un tableau très sombre. Et si le Covid-19 a enfanté le Ségur de la santé et ses revalorisations de traitements pour certains professionnels, la perte de sens au travail chez de nombreux infirmiers est une histoire ancienne. Tout comme la lourdeur des contraintes budgétaires, les limites de la gouvernance des hôpitaux et de la tarification à l’acte. « Le docteur Macron a posé un bon diagnostic sur le patient système de santé, estime l’ancien psychiatre hospitalier Daniel Zagury. Maintenant, il va falloir le soigner. »
Désenchantement global
Les Français ont pour cela une ordonnance très claire à destination des candidats à la présidentielle : pour 89 % d’entre eux, il faut recruter des professionnels de santé, et pour 82 %, les soignants doivent être mieux payés. Les sondés sont en majorité favorables à des mesures de régulation de l’installation des libéraux, comme il en existe pour les pharmacies, et au retour de l’obligation de garde pour les généralistes. De manière contre-intuitive, 74 % des professionnels de santé – il y a beaucoup de non-médecins parmi eux – plébiscitent également ce retour vers le passé. Le résultat conforte Frédéric Valletoux : « Pour gérer la pénurie médicale, il faut changer de période et revoir l’équilibre entre les droits et les responsabilités de chacun, mieux partager les tâches entre le public et le privé, bousculer les conservatismes. »
Qui parmi les candidats pourrait être à même de mener à bien une réforme structurelle du système de santé ? 31 % des sondés font confiance à Marine Le Pen pour répondre à cet enjeu. Le score de la candidate du Rassemblement national, qui, selon Frédéric Dabi, « fait une campagne de proximité et s’adresse souvent aux femmes », est certes supérieur à celui du président sortant Emmanuel Macron (29 % de confiance) ou de Jean-Luc Mélenchon (25 % de confiance). Mais il est loin d’être majoritaire. « Ce désenchantement global est le fait majeur de notre étude, souligne Frédéric Dabi. Ça montre que le sujet central de la santé est insuffisamment abordé par les candidats. »
Plutôt que de femme ou d’homme providentiel, les Français semblent rêver d’un forum démocratique sur les questions de santé. « Neuf sur dix souhaitent un grand débat national, non vertical, commente Frédéric Dabi. On n’est plus dans une logique de rustine mais d’extrapolation. » La preuve ? Un tiers des sondés seraient prêts à payer plus d’impôts ou de cotisations sociales pour financer la réforme qu’ils appellent de leurs vœux.
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