La France manque de boulangers, 9 000 postes sont à pourvoir
Les boulangers français seraient-ils dans le pétrin ? La Confédération nationale de la boulangerie et de la boulangerie-pâtisserie française affirme que le secteur recherche 9 000 nouveaux employés pour renforcer les 33 000 boulangeries déjà présentes sur tout le territoire. Un manque de main-d’œuvre qui pose question.
1. Y a-t-il assez de boulangers et pâtissiers formés en France ?
Forme-t-on assez de boulangers et pâtissiers en France ? À cette question, la Confédération nationale répond par l’affirmative. « Oui, lance Anne Aldeguer, responsable de la communication de la Confédération. En 2020, on recensait 24 000 jeunes en apprentissage. »
Les jeunes ne boudent donc pas ces métiers. Ils privilégient même l’alternance (16-30 ans) pour se former : une partie en cours et l’autre dans les ateliers pour acquérir l’expérience. « Le point fort de l’alternance est que les jeunes peuvent trouver assez facilement une boulangerie près de chez eux. Et ont des perspectives d’embauche à la fin de leur formation. »
Inconvénient, ce cursus prend un peu de temps. « Le cycle de l’alternance dure deux ans, poursuit Anne Aldeguer. Avec la charte qualité de France, le professionnel s’engage à transmettre son savoir-faire, et en retour il peut compter sur un jeune plus qualifié. C’est du gagnant-gagnant. »
2. Des contraintes trop importantes ?
Aujourd’hui, être boulanger ou pâtissier ne veut plus dire se lever très tôt et travailler tous les week-ends. La clientèle a évolué et n’achète plus forcément sa baguette à la première heure. « Aujourd’hui, les boulangers peuvent avoir leurs dimanches, leurs week-ends ou deux jours de congé consécutifs », rassure un boulanger rennais.
Et Anne Aldeguer de reconnaître que le métier « est difficile dans la mesure où il faut savoir se lever tôt », mais qu’il « suscite toujours autant de vocations », insiste-t-elle. « Le potentiel est là malgré les contraintes. »
3. Une profession pas assez rémunérée ?
« Un boulanger-pâtissier est rémunéré 1 800 € nets pour 37 à 38 heures par semaine avec un dimanche travaillé sur deux », confiait l’an passé Michel Aoustin, boulanger-pâtissier à Carentoir et président de la Chambre des métiers du Morbihan.
Et pour les plus entrepreneurs, l’alternative de s’installer à la campagne s’offre à eux. Sans doute moins rémunératrice au départ, mais payante à long terme : « Avec l’exode urbain, il va y avoir beaucoup d’entreprises à reprendre dans les villages et dans les villes, soulignait récemment Dominique Anract, le président de la Confédération nationale. Il va falloir des professionnels, les jeunes auront une carrière assurée. »
4. Un problème propre à la boulangerie ?
« Non, c’est la même chose dans tout l’artisanat alimentaire du fromager au boucher », détaille la chargée de communication de la Confédération.
Un boulanger de la région rennaise pointe d’autres arguments pour expliquer cette difficulté à trouver des bras : « C’est un problème de génération. Elle est beaucoup plus consommatrice de travail, de formation, et à la première contrariété, elle change de voie. » Et pour inverser cette tendance, le secteur a du pain sur la planche !