Publicité

Guerre en Ukraine : Bruxelles propose aux Vingt-Sept un embargo sur le pétrole russe

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a mis sur la table un sixième paquet de sanctions qui prévoit la fin des achats de produits pétroliers russes d'ici à la fin de l'année et la sortie de la première banque russe de la messagerie financière Swift. Bruxelles pose aussi les premières pierres d'un plan de reconstruction de l'Ukraine.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a réservé la primeur des annonces sur de nouvelles sanctions contre la Russie aux eurodéputés.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a réservé la primeur des annonces sur de nouvelles sanctions contre la Russie aux eurodéputés. (Frederick FLORIN/AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 4 mai 2022 à 10:00Mis à jour le 5 mai 2022 à 11:36

Suivant la stratégie annoncée en mars de représailles économiques graduelles à l'encontre de la Russie, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté mercredi matin, à Strasbourg devant les eurodéputés, un sixième paquet de sanctions.

Alors que le cinquième s'était attaqué aux importations de charbon russe dans l'UE , ce nouveau train de mesures prévoit la fin « progressive et ordonnée » des achats de pétrole russe. A un horizon de 6 mois pour le brut, d'ici à la fin de l'année pour les produits raffinés. Les eurodéputés ont applaudi cette annonce qu'ils réclamaient pour la plupart depuis des semaines. En 2021, la Russie a fourni 30 % du brut et 15 % des produits pétroliers achetés par l'UE.

« Ce ne sera pas facile, a averti la cheffe de l'exécutif européen, car certains Etats membres sont extrêmement dépendants du pétrole russe, mais nous devons le faire. » Elle pense notamment à la Slovaquie et la Hongrie , deux pays enclavés pour lesquels ont été prévues des mesures d'aménagement spécifiques (un délai plus long, jusqu'à la fin 2023).

Publicité

La Hongrie a toutefois averti que cette dérogation ne lui suffit pas pour trouver une substitution satisfaisante. Son ministre des Affaires étrangères a déclaré que Budapest ne pourrait pas approuver ce nouveau train de représailles avec le volet pétrolier tel que présenté par la Commission. Le gouvernement de Viktor Orban est par ailleurs dans la ligne de mire de la Commission pour ses nombreuses atteintes de l'Etat de droit, ce qui parasite les discussions. Les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l'UE estiment malgré tout pouvoir arriver à un accord d'ici le week-end. En tout état de cause avant le 9 mai, journée de l'Europe mais aussi, en Russie, journée de célébration de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Sanctions contre les banques et les médias russes

La Commission a pu avancer sur la question pétrolière après que l'Allemagne a indiqué, dès la semaine dernière, sa disposition à approuver un embargo. Berlin a réduit sa dépendance à l'or noir russe des deux tiers depuis l'invasion de l'Ukraine, après avoir insisté pendant des semaines que l'UE ne devait pas s'infliger plus de dommage économique qu'à la Russie. Si la guerre devait durer se poserait la question gazière, dont plusieurs - grands - pays sont très dépendants, notamment l'Allemagne et l'Italie.

Le nouveau train de mesures porte aussi, de nouveau, sur le secteur bancaire. Cette fois, il s'agit de ne plus autoriser Sberbank, la plus grande banque russe avec 37 % du marché domestique, à utiliser le système de messagerie financière internationale Swift.

La Commission propose en outre de bannir, sur quelque canal que ce soit, trois diffuseurs de contenu audiovisuel publics russes qui, selon Ursula von der Leyen, « amplifient les mensonges de Poutine ». RT et Sputnik ont déjà été sanctionnés en mars . Bruxelles veut encore interdire à toute une série de cabinets de services juridiques ou comptables ou de conseil en communication de travailler pour les intérêts russes.

Nouvelles personnalités sanctionnées

Enfin, de nouveaux officiers de l'armée et de nouveaux individus liés au régime sont ajoutés à la liste du millier de Russes déjà sanctionnés (interdiction d'entrée dans le territoire de l'UE et gel des avoirs). « Notre message est clair, a lancé Ursula von der Leyen, nous savons qui vous êtes, vous devrez répondre de vos actes. » Parmi les nouvelles personnalités sur la liste noire figure le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien fervent de la guerre contre l'Ukraine.

Dans un deuxième temps, la présidente de la Commission a aussi posé les bases d'un plan pour la reconstruction de l'Ukraine. A court terme, l'UE a déjà levé tous ses droits de douane sur les exportations ukrainiennes. Sachant que le PIB ukrainien pourrait s'effondrer de quelque 50 % cette année, l'UE et les Etats-Unis veulent permettre au gouvernement de Kiev de faire tourner le pays.

A moyen terme, Bruxelles pense déjà à la reconstruction et à son coût, impossible à chiffrer aujourd'hui mais de l'ordre de plusieurs centaines de milliards d'euros. Avec d'autres partenaires internationaux, la Commission veut donc mettre sur pied un « plan de reprise » pour l'Ukraine, qui doit aider à « corriger les faiblesses de l'économie ukrainienne et à la rendre attractive auprès des investisseurs internationaux ».

Publicité

Les Vingt-Sept, par ailleurs, devront bientôt prendre une décision sur la candidature de l'Ukraine à l'adhésion à l'UE.

VIDEO. Quels sont les pays les plus dépendants au gaz et pétrole russes ?

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité