Publicité

«Ça donne le sourire»: ces restaurateurs qui vendent leurs plats en grande surface

Banque réfrigérée avec les plats à emporter déposés par le restaurant Estrela à l'Intermarché Les Avenières.
Banque réfrigérée avec les plats à emporter déposés par le restaurant Estrela à l'Intermarché Les Avenières. Estrela

Des hypermarchés Leclerc, Intermarché et Carrefour proposent aux restaurateurs de vendre leurs plats et produits aux clients des magasins.

Après les mairies, c'est au tour de la grande distribution de soutenir les restaurateurs contraints de fermer leurs portes au public. Plats vendus dans les rayons, stands mis à disposition dans le magasin... des hypermarchés redoublent d'imagination pour permettre aux restaurateurs de gonfler leurs revenus et de se faire connaître auprès des clients du magasin.

Parmi ceux qui ont lancé ce type d'opération, on retrouve certains magasins Intermarché, «qui décident de manière individuelle de lancer ou non des initiatives car ce sont des magasins indépendants», précise la direction de l'enseigne. Julien Simonet, propriétaire de l'Intermarché de la ville de Joigny, dans le département de l'Yonne (89), soutient deux restaurateurs depuis peu «Karl, gérant d'American Grill, a acheté un camion pour faire ses pizzas et ses burgers, lorsque son restaurant a fermé. Il y a deux semaines, je lui ai proposé de venir s'installer sur le parking de l'hypermarché à l'heure du déjeuner car il n'avait pas d'emplacement fixe». Une initiative qu'a remarquée David Le Corre, cogérant du restaurant Paris-Nice: «La semaine dernière, David m'a demandé s'il pouvait déposer ses plats à emporter dans un de nos bacs, qu'on pourrait vendre aux clients. On a commencé vendredi dernier, et ce week-end ça a super bien marché», assure Julien Simonet.

L'Intermarché de la commune Les Avenières, dans l'Isère (38), accueille pour sa part le restaurant portugais Estrela depuis mi-novembre, tenu par Carole Pereira Gomes et son mari. Tous les jours, ils viennent remplir une banque réfrigérée, mise à leur disposition dans le magasin, avec des plats à réchauffer concoctés dans leur cuisine. Intermarché s'occupe de vendre les produits aux clients, puis reverse les bénéfices de la semaine aux restaurateurs. «J'y suis allée au culot», raconte Carole Pereira Gomes au Figaro. «Quand on a dû refermer le restaurant début novembre, je voyais certaines grandes surfaces apporter leur aide aux commerçants. J'ai envoyé un mail à l’Intermarché de ma ville et ils ont gentiment accepté de nous accorder un emplacement où sont désormais disposés nos plats», poursuit la gérante de l'Estrela.

Une initiative qui trouve son chemin chez Leclerc

Les centres E.Leclerc commencent également à proposer ce type de service aux restaurateurs, comme l'a expliqué Michel-Edouard Leclerc sur Franceinfo mardi matin. D'après le PDG du groupe Leclerc, pour l'heure cette initiative solidaire ne concerne que quelques hypermarchés, mais le groupe est en « train d'étendre le système» aux autres centres.

Michel-Edouard Leclerc a notamment mentionné l'hypermarché de la ville de Vire, située dans le département du Calvados (14). Une employée assignée à la sandwicherie du magasin explique: «depuis fin octobre, on met à disposition des restaurants L'Hôtel de France et La Table un frigo de notre rayon, où ils déposent tous les deux jours des plats préparés.» Au menu cette semaine: œufs mimosas, filet de canard ou encore tartelette de fruits. «Ça leur permet d'avoir un deuxième point de vente en plus de leur restaurant, où ils pratiquent le click ans collecte», souligne-t-elle. Là encore les employés de Leclerc s'occupent de la vente, mais les restaurateurs viennent parfois «filer un coup de main les samedis, lorsque c'est animé».

Une opération «qui donne le sourire»

Pour la mise en œuvre de ces opérations, les hypermarchés et restaurateurs interrogés sont unanimes: aucune charge n'est imputée à ceux qui y participent. «Le centre Leclerc organise gratuitement sur sa plateforme la distribution de ces plats», précisait Michel-Edouard Leclerc auprès de Franceinfo au sujet de l'hypermarché de Vire. Une position similaire adoptée par Julien Simonet: «Je ne prends aucun bénéfice sur les ventes réalisées par David, je ne lui facture aucune prestation. Même chose pour Karl, à qui je fournis l'électricité pour faire fonctionner son camion.» Pour ce gérant d'Intermarché, «c'est de la solidarité pure et dure». Dans ce contexte morose, «c'est une opération qui donne le sourire», affirme-t-il, autant pour les restaurateurs, les employés, que pour les clients.

Carole Gomes Pereira n'a également rien à payer à l'Intermarché Les Avenières, «alors qu'ils prennent beaucoup de temps pour nous, qu'on peut venir quand on le souhaite, et qu'ils nous fournissent les étiquettes», détaille-t-elle. «Ils sont vraiment partis dans l'optique de nous aider, et pas dans celle de gagner de l'argent sur notre dos», abonde la gérante de l'Estrela. En échange, elle offre aux employés de l'hypermarché les plats restants.

Un petit plus financièrement... et un bon coup de pub

Pour le restaurant Estrela, le succès a été instantané: «la première semaine on a cartonné, on venait déposer des plats deux fois par jour car tout partait très vite», assure la gérante. Même chose pour le mois de décembre, «où les bénéfices récoltés des ventes à Intermarché ont représenté 25% de notre chiffre d'affaires sur le mois». Mais depuis la fin des fêtes de fin d'année, «c'est plus calme», même si le restaurant enregistre tout de même entre 500 et 600 euros de bénéfices par semaine ce mois-ci. Constat similaire au centre Leclerc de Vire: «Les plats des restaurants se vendaient vraiment bien pendant le mois de décembre, mais moins ce mois-ci, en partie à cause du couvre-feu», explique Johanna.

Plus qu'un réel moyen de gonfler son chiffre d'affaires, cette place dans les magasins représente une opportunité pour les restaurants de gagner en visibilité auprès des habitants de la commune: «Financièrement ça nous fait un petit plus, mais c'est surtout pratique pour se faire connaître. Désormais on reçoit des commandes au restaurant de nouveaux clients qui nous ont découverts en faisant leurs courses à Intermarché», pointe Carole Pereira Gomes, qui propose également de la vente à emporter.

Une visibilité qu'a particulièrement apprécié Deborah Flint, restauratrice implantée dans le Limousin, qui s'est aussi convertie au «food-truck» lorsque le restaurant de son établissement de chambres d'hôtes L'Escapade a dû fermer ses portes au premier confinement. Depuis mars, son camion est six jours par semaine sur le parking du Carrefour Market de Bellac, commune en Haute-Vienne (87): «C'est le gérant de Carrefour qui nous a proposé une place sur le parking du magasin à l'heure du déjeuner. C'était très pratique, car alors que tout était fermé, il y avait toujours beaucoup de passage aux abords des supermarchés», explique-t-elle. L'Escapade est désormais bien implanté sur ce parking et il n'est pas prévu qu'il disparaisse, même lorsque les restaurants pourront rouvrir.

«Ça donne le sourire»: ces restaurateurs qui vendent leurs plats en grande surface

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
4 commentaires
  • marc.citi

    le

    Ceux qui n'ont jamais rien fait vont réclamer de les sur-taxer. Quelle honte, avancez dans la vie ?!

  • Antoine 77000

    le

    Et les gagnants sont : ceux qui innovent et s'ouvrent sur de nouvelles pratiques ! Demander, chercher, frapper, innover .... ce sont les seuls chemins d'un succès possible.

  • fashionparis

    le

    Super idée exit la mal bouffe et les plat industriels composés de matière première bas de gamme, bourrés d’additifs et de colorants

À lire aussi