
Des pommes rutilantes viennent d’être soigneusement rangées sur leur gondole au milieu des fruits et légumes, face à l’armoire réfrigérée dédiée aux surgelés, et à quelques mètres du rayon des yaourts. Dans les allées de ce supermarché Monoprix, les chariots de courses se croisent et se remplissent sous le halo industriel d’une dizaine de néons : les produits frais dans des cabas isothermes bleus, le reste dans d’épais sacs en papier kraft. Le bruit de leurs roulettes résonne, amplifié par la hauteur sous plafond et les murs en parpaings.
Mais dans ce magasin, il n’y a aucun client… Ou plutôt si, un seul : le géant américain Amazon. Qui vient satisfaire ici les besoins de courses alimentaires de ses internautes voulant être livrés au maximum dans les deux heures qui suivent leur achat.
Ce Monoprix a ouvert en mars 2019 dans le 13e arrondissement de Paris. Comme lui, ses voisins – un libraire, une épicerie orientale, un caviste italien – reçoivent régulièrement la visite de camions et de camionnettes qui effectuent les livraisons.
Mais il n’a ni façade ni vitrine, et on y accède par un long et étroit escalier en ciment. Et pour cause. Il se situe à quelques dizaines de mètres sous terre, sous la dalle Olympiades, théâtre de nombreux trafics nocturnes. Une ville sous la ville, installée dans l’ancienne gare des Gobelins. Y cohabitent, à l’abri des regards, une trentaine d’entreprises, dont ce magasin ultrasecret, où même les photos sont interdites.
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