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En chiffres

La sportech, un secteur encore sous-financé en France

Avec un contingent de quelque 160 start-up, la filière prend de l'épaisseur mais les levées de fonds supérieures au million d'euros sont encore rares. Pour le collectif French Sportech, le manque d'appétit des investisseurs s'explique par une méconnaissance de ce secteur jeune et protéiforme.

Quelques belles levées de fonds masquent un déficit d'accès au capital lorsque les jeunes pousses tricolores souhaitent aller tenter leur chance à l'international.
Quelques belles levées de fonds masquent un déficit d'accès au capital lorsque les jeunes pousses tricolores souhaitent aller tenter leur chance à l'international. (Philippe LOPEZ/AFP)

Par Basile Dekonink

Publié le 9 juil. 2020 à 07:45Mis à jour le 9 juil. 2020 à 11:30

Un produit mature, des clients, du chiffre d'affaires, une preuve de concept… mais pas d'argent frais pour passer à la vitesse supérieure. Malgré de solides fondamentaux, nombre de start-up de la « sportech » souffrent encore de la « prudence des investisseurs » français, relève une étude de French Sportech rendue publique ce jeudi, que « Les Echos » ont pu consulter en avant-première.

Réalisée par ce collectif d'une soixantaine de structures avec le cabinet de conseil Roland Berger, ce rapport doit être remis dans la journée au secrétaire d'Etat au numérique Cédric O. Une manière de mettre en lumière ces start-up jusqu'ici oubliées des coups de pouce gouvernementaux à destination des jeunes pousses.

Côté financement, quelques belles levées de fonds comme celles de Vogo (20,3 millions d'euros), Gymlib (14 millions) ou Sport Heroes (12 millions) masquent un déficit d'accès au capital lorsqu'il s'agit d'accélérer, d'aller tenter sa chance à l'international. Les tours de tables sont souvent l'apanage de business angels et dépassent rarement le million d'euros.

Deux fonds dédiés

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« De manière générale, l'Europe, bien que connaissant une activité soutenue, accuse un retard significatif » sur la Chine et les Etats-Unis, écrivent les auteurs de l'étude. Sur la dizaine de licornes que compte le marché de la sportech, la moitié sont américaines et aucune n'est française.

La France ne compte pour l'heure que deux fonds d'investissement dédiés : Linksport, de 123 Investment Managers, et Sport & Performance Capital, doté de 80 millions d'euros par Seventure, la société de capital-risque de BPCE. « Les véhicules d'investissements restent rares car l'univers de la sportech est extrêmement mal connu des investisseurs. Le marché est nouveau, protéiforme, éclaté », estime Guillaume Fallou, patron fondateur de bFan Sports, une start-up qui réalise des applications en marque blanche pour des clubs professionnels.

L'exemple de Peloton, la pépite américaine qui s'est introduite fin 2019 au Nasdaq et qui pèse désormais près de 18 milliards de dollars, est à cet égard parlant. La firme vend du hardware de pointe (un vélo d'appartement) mais produit aussi du contenu avec des programmes d'entraînement en ligne, qu'elle vend par abonnement - ce qui lui vaut le surnom de « Netflix du vélo ».

« Tout est à construire »

Peloton a eu la chance d'évoluer sur le marché le plus structuré, où les investisseurs ont compris depuis longtemps le potentiel du marché et où les ligues professionnelles ont amorcé la digitalisation de leur activité il y a déjà plusieurs années. « En France on en est au tout début, poursuit Guillaume Fallou. A part le PSG, l'OL et plus récemment l'OM, le reste des clubs de football commencent a peine  ».

Conséquence : « tout reste à construire et il faut évangéliser. Il y a une vraie prime aux primo-accédants mais cela prend beaucoup de temps ». Or les fonds d'investissement affectionnent les modèles rapidement « scalables » - capables de monter en régime très rapidement - avec des modèles bien identifiés, comme ceux des fintech.

La France reste cependant l'une des places fortes du secteur. L'étude recense quelque 160 start-up dans l'Hexagone, qui ont réalisé l'an passé 145 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulés (900.000 en moyenne) et affichent une croissance annuelle moyenne d'un peu plus de 40 %. Près de 245 millions d'euros ont été levés depuis 2015, ce qui place le pays en seconde place en Europe derrière le Royaume-Uni (455,5 millions).

Surtout, l'écosystème français pourrait bénéficier d'un coup de projecteur inédit avec la tenue des Jeux Olympiques de Paris, en 2024. Un groupement d'intérêt économique, le GIE France Sport Expertise , a d'ores et déjà été monté afin de bénéficier de la puissance du collectif et décrocher des contrats pour des grands événements.

Basile Dekonink

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